Découverte du mal aigu du confort....

Le journal de bord sur le blog de Thierry vous raconte à merveille les journées fantastiques que nous avons passées durant notre trek au Népal...

Moi, comme dans vie à bord en CC, je vous décris ici l'envers du décor ou la vie rude des gens de la montagne... et qui fut la nôtre quelques jours...

Sortis de Katmandou centre, nous avons vite été plongés dans la pauvreté et la simplicité; bien vécue par nous tous car plein d'enthousiasme et heureux de démarrer cette aventure...

Première nuit surprenante sur des lit durs, des chambres petites sans la moindre intimité car séparées par des planches disjointes... Le voisin ronfle à ne plus pouvoir...comment vais-je dormir...les boules kies ne suffiront sûrement pas...

Pas de quoi se plaindre quand tu vois nos porteurs dormir à même le sol à l'extérieur...

Adaptation incontournable face à des sanitaires minimum... des latrines à l'extérieur, pas de papier (même si tu en as tu ne sais pas où le mettre)... donc la formule ici... tu manges avec la droite et tu t'essuies de la gauche... Alors, on rigole et on fait comme eux....

J'ai adoré Julie qui la première fois voit les toilettes revient dégoûtée en disant: "Mon dieu, c'est terrible, c'est des toilettes turques... c'est dégoûtant... note 0!" J'y vais pour voir et revient enchantée en disant:"mais c'est propre et l'eau coule à flot...je donne bien plus..."

Le moral est bon et tout le monde observe la vie d'ici avec de grands yeux curieux...

Les porteurs nous bluffent particulièrement... ils prennent 30 kg chacun (notre sac + nourriture et en cas pour les 14 jours...) et trottent en schlaps devant toi avec un sourire jusqu'aux oreilles... on sait qu'on ne doit pas être gênés, ils sont heureux de ce travail...respect....

La deuxième nuit est intéressante, les toilettes ne sont pas dans le jardin et on est content de s'y doucher... tu prends ta gourde et ton courage à deux mains (eau froide)... Il ne fait pas très chaud mais bon, t'es Européen et tu as besoin d'être propre... Je crois que l'idée, avec le recul, n'était pas bonne... j'attrape la crève que je la traînerai tout le reste du trek... Le va et vient des clients dans ces toilettes n'est pas reposant et leurs crachats raclés de fond de gorge du matin peu ragoûtant... c'est courant ici... tu racles et tu craches...

On continue notre ascension, les premières journées sont un peu inquiétantes... comment vais-je marcher sans me lasser des heures durant (6-8h par jour)? Encore 12 jours... encore 11 jours... une fois lancée, je dirais le deuxième jour, je m'y fais. On regarde où on met les pieds des heures durant et ça va... pas de souffrance physique... (j'avais fait des footing régulièrement...)

La nourriture est meilleure que prévue... du riz, des lentilles et des patates... oublie mes légumes adorés... on a tout de même des épinards amers que je suis la seule à pouvoir manger sans peine... le souci, c'est qu'on mangera ça deux fois par jour pendant 10 jours...

Quand on voit la photo ci-dessous, on aime toujours le riz et on ne va pas se prendre la tête pour l'hygiène....

Plus près?? Ne vous effrayez pas, il est mort depuis longtemps! Indigestion de riz sans doute!

Les jours passent, l'ascension progresse et la température baisse... et c'est là que je commence à faire la grimace... mais comment font-ils pour vivre dans ces maisons en tôle, pleines de courant d'air? Où se trouve la pièce à vivre avec le feu?

Hein bien, il n'y en a pas... la cuisine est petite, souvent à l'extérieur... pas de pièce conviviale où l'on se réfugie le soir... les chambres, on n'en parle même pas, c'est température extérieure...

 

Il n'y a que moi qui souffre du froid au début... "le froid c'est juste une information me dit Thierry"... moi en tous cas, je suis informée.. de 17 heures, le coucher du soleil (heureusement, il y en aura une bonne partie des jours en haute altitude) à 9 heures le matin, j'ai froid... Mon sac de couchage est pourtant fait pour des températures avoisinant les 0 degrés..

Pour ajouter au bonheur, les loges ont rarement l'électricité... donc en plus du froid, la nuit te prend... et te glace.... (les photos sont prises au flash... sinon c'est plutôt l'ambiance de la photo ci-dessous...)

Heureusement, parfois, il y a des couvertures... si tu as le courage de les utiliser car: "elles sentent la poule" dira julie avec son odorat infaillible... la couleur aussi est décourageante... comment laver des couvertures sans machine, sans moyen de les mettre sécher... de plus quand tu sais qu'elles ont mis 5 jours pour venir à dos de mulet, tu comprends qu'elles arrivent un jour et restent toujours....

Bref, il fait froid, je tousse maintenant la nuit...pas de petit thé chaud pour te réconforter....tu t'endors assis contre le coin de la chambre et tu attends que ça passe... parfois le mur en bouse de yack séchée te décourage...

Heureusement qu'il y a Julie qui ne se plaint pas mais qui ressent les même choses que moi. On s'aide pour la surveillance des toilettes non fermables, les douches gelées et la passation des habits dans des latrines insalubres... elle attrapera aussi froid à braver l'impossible... dans cette cabane en pierres et bois....

Les garçons pour ça sont vraiment cool... pas de douche? pas de soucis... pas d'électricité? pas de soucis... froid? pas de soucis... que du riz? pas de soucis....

On profitera de se laver les cheveux à la fontaine publique une fois sur le coup de midi puis on abandonnera jusqu'à la redescente après le col (5200m). L'eau serre le crâne, c'est le moment de devenir raisonnable...

Les derniers jours demandent tout de même un peu de courage à chacun. On met toutes les couches et on se réjouis de passer le col. Pourvu que le beau temps se maintienne.... je tremble à l'idée que le temps se gâte, que le vent se lève... et que l'on reste bloqués au campement....

Suite dans: "...après le col... vers l'Eldorado..." à paraître....